Quel est le point commun entre Bombay, Nairobi, Paris et Tunis ? toutes ces villes ont connues à des échelles différentes, mais avec les mêmes résultats une technique particulière dans le monde du Djihadisme celle du « siège urbain ».
Théorisé en 2008 par les terroristes de Lashkar-e-Taiba, puis appliqué par eux à Bombay lors d’une série d’attaques qui avaient eue lieu à six endroits différents de la mégalopole indienne et pendant trois jours. Elles avaient réussi, outre à faire de nombreuses victimes –plus de 170-, à attirer l’attention de la planète entière et à très peu de frais, ridiculiser les forces de l’ordre indiennes et mettre à l’épreuve leurs capacités antiterroristes.
A Nairobi au Kenya, les miliciens somaliens Shebab ont choisi le même modus opérandi, choix d’une cible abritant des occidentaux, lieu symbolique, prise d’otage géante et ce que les criminologues appellent « suicide par policier », avec le même résultat, attirer l’attention des médias autour du monde et démontrer l’incapacité des forces de l’ordre de faire face rapidement et les mobiliser autour d’un point focal.
Alors que l’appareil du renseignement français s’attendait à un autre type d’attaque terroriste en s’y préparant sérieusement –Vigipirate contre les attaques à la bombe-, c’est par le siège urbain que s’est manifesté le djihadisme à Paris. Bilan, 20 morts, les télévisons du monde entier parlant du sujet et 88 000 policiers, gendarmes et militaires mobilisés pendant deux jours.
Si le cas de Paris diffère des autres, c’est par le caractère loup solitaire et désorganisé du groupe ayant mené l’attaque qu’il se fait remarquer. Car que ce soit à Nairobi, à Bombay ou en 2000 à Boudiennovsk en Russie, les groupes, bien que suicidaires, étaient extrêmement bien organisés.
C’est semble-t-il le cas à Tunis, où les terroristes ont soigneusement choisi leur cible, avaient prévu à la fois qu’une session parlementaire ait lieu et qu’un bus de touristes arrive sur les lieux. Avaient probablement fait des repérages car en choisissant de stationner dans le parking du musée du Bardo au lieu de foncer dans le tas, ils se sont donné suffisamment de temps pour se retrancher à l’intérieur du bâtiment.
A Tunis, à Bombay et à Paris, les médias ont porté un sérieux coup à la sécurité opérationnelle des forces de l’ordre. Par leur proximité avec le théatre des opérations, les télévisions mais aussi les micro-bloggeurs fournissaient des informations tactiques en temps réel et de manière très très précise, causant un véritable danger pour la sécurité.
Défaire la stratégie
Dans l’absolu, l’élimination des terroristes lors d’un siège urbain n’est pas une victoire, c’est l’attitude des forces de sécurité qui détermine le sens du vent. A ce stade deux paramètres comptent, d’abord minimiser les pertes humaines, ensuite réduire l’impact médiatique en raccourcissant la durée du siège. Au Kenya en 2013, le fait que les forces de l’ordre se soient marché sur les pieds a eu un impact catastrophique pour leur image à une période charnière pour ce pays, dans sa lutte contre le terrorisme. Au Pakistan, en juin 2014, l’assaut donné par un commando extrêmement bien préparé du groupe Tareeq e Taliban sur l’aéroport de Jinnah à Karachi, la réaction immédiate de la police a permis de réduire la survivabilité du groupe et au final de les empêcher d’infliger des dommages considérables à l’édifice.
Pour défaire un siège urbain, il faut que la police atteigne un niveau de qualité opérationnelle et de coordination élevé. Ceci implique des actions proactives de sécurisation des lieux publics mais aussi un travail de renseignement. Des équipes tactiques sur le modèle SWAT, doivent êtres mobilisables dès qu’une alerte est lancée, mais pas que ! C’est toute une structure policière qui devra intervenir en parallèle pour le maintien de l’ordre, la sécurisation des périmètres, l’investigation et l’analyse scientifique. Le tout avec une parfaite coordination avec les services d’ambulance et de lutte anti incendie. L’occupation du terrain par le quadrillage et la multiplication des contrôles, entrepris par les autorités algériennes a aussi fait ses preuves, reste à la Tunisie à prendre rapidement le relais au risque de voir ce genre d’attaques se répéter.
Sorti aussi dans Impact24
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