Un jour en rendant visite au père d’un ami en convalescence au centre de rééducation fonctionnelle et de chirurgie orthopédique de Bouchaoui à l’Ouest d’Alger, j’ai fait la rencontre d’une partie invisible de l’ANP. A quelques centaines de mètres des plages huppées de Moretti et du Club des Pins, ou celles plus populaires de Palm Beach, de jeunes blessés de guerre regardent s’égrainer les heures avec une impuissance désarmante. Cachés du regard du publique, ils vont et viennent dans un silence assourdissant dans les allées pavées du petit hôpital. Les quelques amputés que j’ai pu croiser ne disent rien, n’interagissent avec personne et ont dans leurs yeux ce regard vide, terrifié et terrifiant à la fois qu’ont les condamnés à perpétuité.
La mort dans l’âme je quittais l’établissement en me demandant ce que je pourrais faire pour ces jeunes, qui ont donnés qui, une jambe, qui un bras, pour notre sécurité et qui ont été soigneusement retirés du regard de la société comme une cicatrice disgracieuse. Que faire donc pour eux? collecter de l’argent pour leur payer des formations? faire de même pour leur organiser des galas, des soirées ou même leur ériger à eux à leurs camarade disparus une stelle, voir un monument. Un ami à l’humour acerbe m’a suggéré l’impensable en disant qu’il valait mieux leur procurer du kif, pour les aider à oublier. Pure folie!
En réfléchissant bien sur les peurs et sur les raisons du désespoir de ces jeunes j’en ai tiré quelques conclusions :
Ils n’ont pas peur de l’avenir mais plutôt de ne rien pourvoir donner à la société
Il est impossible de leur faire oublier l’inoubliable
Plus que la douleur, le sentiment qui hante leurs esprits est qu’ils ont été trahis à la fois par leur hiérarchie et par la société
En gros,un monument comme un méchoui ne seront qu’un cautère sur une jambe de bois, sans jeux de mots aucun.
Jusqu’à l’ouverture des jeux paralympiques, et l’habituelle pluie de médailles de nos athlètes, qui décrochent or, argent, bronze et records je ne voyais pas de vraie solution d’insertion à ces jeunes soldats, mais quand j’ai vu le nombre de vétérans américains et britanniques qui participaient à ces jeux, mon sang n’a fait qu’un tour. Pourquoi ne pas impliquer nos vétérans dans la préparation des olympiades de Rio en 2016? quitte à sacrifier le budget alloué aux athlètes “valides” et donner à ces jeunes, qui savent ce qu’est que donner sa peau pour le drapeau.
Ils sont dans la force de l’âge, ils sont en bonne condition physique ils savent ce que l’effort et le sacrifice signifient et veulent faire quelque chose de leur avenir.
J’invite ces messieurs du Comité Olympique Algérien à les prendre en charge financièrement, ce ne sera pas de l’argent gaspillé.
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A l’heure actuelle,existe-il un cadre juridique reconnaissant le statut d’invalide/blessé de l’ANP?
Je propose une idée qui ne devrait être compliquée à mettre en oeuvre par l’ANP. Leur assurer une formation et les intégrer dans l’industrie de défense. Ce ne sont pas les projets qui manquent, il suffit de les former sérieusement en fonction de leur aptitudes, soit en rapport avec les études qu’ils ont fait dans le civil, soit en rapport avec leur formation militaire, ou simplement dans les métiers de service qui accompagneront nécessairement ces projets, soit pour la restauration, l’hygiène, le contrôle, la sécurité, on a pas besoin de deux jambes valides pour tenir un pc sécurité par exemple. ça pourrait redonner goût à la vie à une bonne partie de ces héros. Il ne s’agit pas de faire du social au détriment de ces grands projets, mais d’avoir une réelle et sincère démarche d’intégration professionnelle, revaloriser ces héros oubliés leur donnera envie de donner encore beaucoup à leur patrie. Il faut absolument réparer cette injustice.
Magnifique idée!
Les partis politiques devraient aussi être jugés par les citoyens sur un critère simple:
Combien de vétérans blessés sont présentés aux élections.
Cela aurait le mérite aussi de rendre caduque les faux débats sur l’islamisme, car les partis qui refuseraient de le faire seraient montrés du doigt.
Et puisque les femmes ont eu des quotas aux élections, pourquoi pas les blessés de guerre?
Tout à fait!
Je pense qu’à ce niveau il faut réfléchir à une politique plus générale sur l’insertion des handicapés en général, et débattre sur les moyens à mettre en œuvre pour faciliter leur participation à la vie politique du pays. Dans le cas des vétérans ça ne peut toucher qu’un partie très marginale de cette population. On risque en plus de retomber dans les travers poste indépendance avec les moudjahidine etc…
Une pensée à tous ces membres de l’ANP touchés dans leur chair lors de leurs missions de protection du peuple Algérien.
Il serait bon de savoir où adresser lettres d’encouragement aux blessés, cadeaux, dons aux orphelins.