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Dans les coulisses des pirates Somaliens. Un métier comme un autre!

La tragédie qu’a vécu les marins du MV Blida, nous a poussé à vous dévoiler, en exclusivité, les pratiques des pirates Somaliens, car les pirates ne sont en aucun cas, des bandes désorganisées ou des anciens pêcheurs spoliés. Le temps et l’argent aidant, ils se sont transformés en une véritable organisation avec des ramifications allant bien au delà des côtes de océan Indien, pour s’enfoncer loin dans les terres et parfois en dehors de la Somalie.

L’excellent site Somalia Report avait publié une version explosive d’un guide du pirate somalien, dont je me fait un plaisir de vous traduire et montrer l’essentiel (cliquez ici pour accéder au texte en anglais).
Sous le titre “Règles et régulations des pirates Somaliens” l’article fait parler Mohamed Ahmed, pirate de la région de Bari (Nord-Est de la Somalie), ainsi que d’autres pirates de la région voisine de Garacad.
Les Pirates se sont limités à décrire les aspects positifs et routiniers de leur “business”, évitant d’évoquer les péripéties quotidiennes qu’ils vivent en haute mer.
L’investissement
La course commence toujours par la recherche d’un investisseur, capable de financer une expédition. Point de départ, l’investisseur met de sa poche généralement une somme tournant autour de 2 000 $. Mohamed Ahmed décrit cet investisseur comme un businessman, un pirate de carrière ou même un officiel local. Cet investisseur investit donc dans la nourriture, les armes, les embarcations pour un minimum de huit pirates avant de déclencher l’opération.
L’investisseur récupère généralement cent fois sa mise, pour chaque million de dollars de rançon payée. Durant le laps de temps qui sépare la capture du navire et le paiement de la rançon, l’investisseur subvient aux besoins des pirates, carburent, nourriture et surtout Khat (plante hallucinogène NDLR). Sur des piratages “lourds”, deux ou plusieurs investisseurs s’unissent et s’occupent chacun de financer une phase de l’opération. “Nous avons nos propres règles. Chaque chose entreprise est juste et équitable. Lorsque nous piratons un navire, nous partageons les gains équitablement. Si nous utilisons deux embarcations, nous nous réunissons au préalable et nous nous entendons sur tout, si ‘il n’y en a qu’une, c’est plus facile, nous sommes sur la même barque” affirme un pirate à Somalia report.

Le choix du chef
“Nous sélectionnons notre chef selon une série de conditions. Il doit d’abord avoir une expérience militaire. En suite il devra promettre d’être le premier homme à aborder le navire ciblé. S’il est drogué ou sous l’effet du Khat au moment de l’abordage, il lui sera plus facile d’agir, car il ne sera ni nerveux ni effrayé par le danger” explique Mohamed Ahmed. “le chef nous aide à monter à bord puis nous vérifions toutes les cabines et enfin nous réunissons tout l’équipage et ordonnons au Capitaine du navire de faire route vers nos bases. Le chef pirate commandera aux destinées de l’expédition jusqu’à la libération du vaisseau” ajoute-il.
Changement d’équipe

Arrivé en Somalie, le bateau voit une valse d’équipes de pirates, un groupe, bien armé et généralement plus nombreux (15 hommes généralement), s’installe dans le navire et le sécurise sous le commandement du chef pirate. Ce nouveau groupe est constitué de “ilaalo” qui sont une sorte de gardes du corps, ils n’ont aucun pouvoir de négociation ni d’action. Le chef fait alors venir un traducteur local afin d’établir le contact avec les propriétaires du navire afin de commencer les négociations et ce par internet ou téléphones mobiles. Le chef pirate ne quittera en aucun cas le bateau jusqu’au paiement de la rançon et il informera l’équipage du statut de la négotiation, toujours selon Mohamed Ahmed.
Les télécommunications
La Somalie n’est pas le vaste no-man’s land, dénué de toute ressource ou technologie que l’imaginaire populaire se figure. les pirates Somaliens utilisent différents moyens de communications en mer et sur terre, mais ils usent généralement des moyens de télécommunications locales. “Dans chaque région où nous nous trouvons, nous utilisons l’opérateur télécom le plus
efficace” explique le pirate à Somalia Report. Parfois, des moyens plus lourds sont utilisés comme les téléphones satellitaires Thuraya, mais généralement leur utilisation se fait en haute mer. Ce type de téléphones est utilisé par les pirates avec parcimonie, car ils craignent que les navires de guerre croisant dans les parages puissent les localiser ou les écouter.
Dans la région du Puntland, les pirates choisissent l’opérateur Golis télécom qui assure un certain degrés d’anonymat. Golis propose aussi une service de transfert d’argent via mobile appelé Sahal, très en vogue parmi les pirates en attente de rançon.
Les pirates optent aussi pour les opérateurs Hormuud et Nation, au Sud et au centre de la Somalie, Telesom et Somtel au Nord. Par précaution les pirates changent de numéro deux fois par mois.
En attendant la rançon

A l’arrivée du bateau et au changement de quart, les assaillants reçoivent un pécule leur permettant de vaquer à leurs occupations ou bien à pour s’amuser tout simplement. Cette avance sur paiement est doublée lors de l’arrivée de l’argent de la rançon. 

Le partage du gâteau

Le jour de la réception de l’argent, l’ensemble des pirates des deux groupes, le traducteur et les investisseurs se réunissent sur le bateau avec les chefs du village ou de la ville où est détenue le navire.
Les pirates essayent de payer leur tribut à la communauté en injectant de l’argent issue de la rançon dans les caisses du village. 
Au final, l’investisseur prend entre 10 et 15%, le chef des pirates prend 70 000$, les autres membres de l’équipe se partagent cette même somme, le second groupe de pirates obtient moins de 50 000$; le traducteur empoche quant à lui moins de 27 000$ et les chefs du village palpent 15 000$. Le comptable qui a la charge de garder et partager l’argent équitablement récolte entre 7 et 8 000$ pour services rendus.
Le butin est très vite dépensé en amusement dans les ville ou est réinvesti dans d’autres expéditions.

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