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A Kazan on fabrique depuis 55 ans la Kalashnikov des hélicoptères

Jusqu’à la chute de l’Union Soviétique son nom était Usine N°387. Depuis la reprise en main du consortium technologique russe Rostech il y a quelques années, l’usine d’hélicoptères de Kazan (Kazan Helicopter Plant en Anglais et Kazan Vertaliot Zavod en russe). Construite en 1933 dans la capitale du Tatarstan, Kazan, ancienne capitale mythique des Bulgares de la Volga, véritable chaudron d’où est sorti une multitudes de nations de la région, cette usine devait au départ être une aciérie, mais s’est très vite transformée en 1941 avec le reflux de l’industrie militaire soviétique vers l’intérieur, en une usine d’avion.

On y construisit le bi plan de reconnaissance et d’attaque au sol Po 2 qui a été produit à plus de dix mille exemplaires en 4 ans. En 1951, en produisant le Mi 1 et Mi 4, l’Usine n°387 devient une usine d’hélicoptères et sort les premiers appareils à voilure tournante de l’ingénieur Mikhaïl Mil d’abord le Mi 1 ensuite et surtout le Mi 4.

Et depuis c’est la success story, surtout depuis le début de fabrication de l’hélicoptère de transport le plus vendu au monde le Mi 8 et ses nombreux dérivés (Mi 17 Mi 171 ..).

L’aventure du Hip commence en 1961 avec le vol du premier prototype, depuis, les chiffres sont incroyables, car l’appareil a été produit à 12 000 exemplaires, exporté vers 90 pays dans le monde, il y en a 4500 qui volent actuellement aux quatre coins de la planète. Reconnu pour sa robustesse et la facilité de sa maintenance le Mi 8 a accumulé 50 millions d’heures de vol depuis son entrée en service.

Mais à Kazan, depuis 2013, on construit aussi l’ANSAT, hélicoptère léger et modulable permettant de transporter 3,5 tonnes et qui commence à connaitre un petit succès surtout depuis la commande chinoise de 8 appareils, le constructeur planifie d’en vendre 200 à l’horizon 2025 dont 120 à l’export. Hélicoptère multirôle civil, il peut-être configuré pour l’évacuation sanitaire ou les interventions tactiques de la police ou des pompiers.

Inspirés par le succès de la plateforme Mi 8, Mil et Russian Helicopters ont conçu le Mi 38, hélicoptère plus grand et ayant une plus grande capacité d’emport avec une charge utile transportée de 7 tonnes. Conçu en 2010, le projet a tardé à sortir de l’état de prototype jusqu’en 2016 où les premiers exemplaires ont été commandé par les forces aériennes russes. Le Mi 38T destiné à l’armée rouge était en production avec plusieurs exemplaires complétés lors de notre visite de l’usine de Kazan.

Car en effet, MENADEFENSE a eu la chance de visiter l’usine et de voir, de bout en bout le processus de construction de cet appareil ainsi que celui de l’ANSAT et du mythique Mi 8 dans ces versions civiles et militaires. L’usine dénote par sa modernité et sa propreté, aussi il est facile de constater que la moyenne d’âge des travailleurs et cadres tourne autour des 30 ans. En off, on nous explique que le projet Mi 38 avait drainé beaucoup de fonds ce qui a permis de moderniser l’appareil de production et de gagner en productivité. Sur des centaines de mètres, des tours et fraises numériques allemands, américains et japonais ont remplacé les vieux tours soviétiques. Si l’essentiel du travail est fait à la main pour le montage et le soudage/rivetage des éléments, l’usinage des pièces et des éléments de structure a connu une véritable révolution. Dans le hangar à peinture flambant neuf où s’alignent les fours à peinture, se trouve un exemple de cet effort de modernisation.  Un robot téléguidé soulève les hélicoptères par la roue avant et se charge de le parquer de façon à optimiser l’espace. “Il nous a coûté 6 millions de roubles, avant il fallait 20 ouvriers pour pousser un hélicoptère” nous confie un technicien de l’usine.

Sur place, les lignes de production sont remplies et les hélicoptères plus où moins achevés s’alignent. Aujourd’hui, selon les responsables, 80% du segment des hélicoptères militaires moyens dans le monde est détenu par Russian Helicopters, le nouvel objectif est de conquérir plus de parts de marché dans le civil, surtout avec l’ANSAT et le Mi 38 qui pourraient convenir pour l’aviation d’affaire, ou pour les liaisons vers les plateformes pétrolières off et in-shore.

Vadim Ligai, Directeur Général de Kazan Helicopter Plant, a confirmé l’importance de la zone Afrique du Nord Moyen-Orient pour l’entreprise, ce sont des centaines d’appareils qui y volent depuis très longtemps. Répondant à une question sur la mise à l’épreuve des appareils de l’Armée Arabe Syrienne, pendant la guerre civile et les pertes qui lui ont été occasionnés, M Ligai dira que les hélicoptères Mil ont participé à presque toutes les guerres depuis qu’il y a des hélicoptères et qu’ils ont aussi constitué une arme fantastique dans l’effort de guerre syrien, surtout par le fait qu’ils aient été opérationnels malgré les conditions. “L’ajout de nouveaux moyens de protection comme la suite President S, a augmenté de beaucoup les chances de survie dans ce genre de conflit et a permis à ce genre d’appareil de reprendre l’avantage sur le terrain” conclut-il.

Et l’avenir?

Biocarburants, moteurs électriques, drones sont de pistes étudiés actuellement en Russie et selon les responsables de Russian Helicopters, qui disent rester à l’écoute des besoins des clients surtout ceux qui voudraient investir dans de nouvelles modifications pour leurs appareils.

 

 

 

 

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