Face à la réalité de la guerre le T-90 évolue

Engagés dès le premier jour de la guerre en Ukraine, les chars russes T-90 ont pour le moins connus le feu et ont très vite vu leurs lacunes exploitées par l’armée ukrainienne avec des pertes relativement faibles (une trentaine de chars perdus). Similaires en beaucoup de points aux versions avancées du T-72 comme la version B3 qui ont beaucoup souffert lors du conflit avec des centaines de pertes (totales ou partielles jusqu’à 550) ; les T-90 s’en sont mieux sortis que la version précédente.

Avant l’offensive du 24 février 2022, les ingénieurs russes avaient commis une upgrade d’urgence pour améliorer la protection des chars T-80BV et T-72 les plus avancés en les équipant de cages métalliques au-dessus des tourelles et en rajoutant des kits de blindages légers, Soft Case ERA qui sont des caisses en polymères contenant des blindages réactifs 4S22 (Kontakt-5) sur les jupes des chars. Certains ont aussi reçus des blocs de blindage réactif Relikt 4S23 sur les côtés et sur l’avant.

Cette mise à jour était venue après le retour d’expérience des guerres de Syrie et du Haut Karabakh et l’intrusion des drones dans le support aérien rapproché (CAS). La Russie avait aussi anticipé l’utilisation par l’Ukraine d’ATGM fire and forget comme le Javlin ou le Spike qui avaient de trajectoires du haut vers le bas et échappaient au système de protection actif comme le Shtora.

Ces dispositifs ont montré de nombreuses lacunes. Les cages ont laissé passer la majorité des missiles de drones ou des Javlins, pis encore dans la plupart des cas sans que les équipages ne soient conscients de l’origine de l’attaque. Une des autres tares de cette catégorie de tanks et de manière générale des chars russes est le manque de visibilité des équipages que ce soit de manière directe ou indirecte avec la rareté de l’emploi de caméras panoramiques, infra-rouges ou thermiques où de moyens de détection de style radar ou autre. Si on y ajoute l’absence d’un système radio crypté efficace, on comprend mieux le manque systémique dont souffrent les unités blindées russes, un système de C2 modère qui donne au chef de char une connaissance exacte de la situation dans son environnement direct, la position des cibles et l’estimation de la menace.

Neuf mois après le début du conflit le fabricant de chars Uralvagonzavod a essayé de corriger les lacunes du T-90 en agissant sur certains défauts et a sorti le T-90M.

Pour réduire la visibilité du T-90M en supprimant son rayonnement thermique et en réduisant son empreinte visuelle. UVZ a eu la bonne idée d’ajouter une APU (source d’énergie auxiliaire) permettant de garder l’électronique du char et son système de défense et d’attaque allumé sans démarrer le moteur.  L’utilisation systématique de bâches de camouflage Nakidka sur les tanks a permis en outre de réduire sa signature visuelle sur le spectre infra rouge. Moins détectable le T-90M s’il n’est pas en mouvement est très difficilement détectable par les drones ou les caméras thermiques longues portées.

Du point de vue du blindage, il y a eu une addition de plaques 4S23 Relikt en ajoutant des blocs à l’avant sous la tourelle et sous le corps du char. Les Soft case ERA ont aussi été modifiés, alourdis et rendus plus résistants. Les cages ont été supprimées mais le haut des tourelles a été renforcé et le bas a été entouré de filets métalliques anti RPG.

Pour ce qui est de l’augmentation du Situationnal awareness de l’équipage du char, des caméras couvrant 360° ont été installées sur un mat avec des capacités nocturnes et thermiques. De larges écrans ont été jouté à l’intérieur du char.

Le T-90M qui est une évolution directe du T-90MS destiné à l’export qui lui-même était considéré comme la version la plus aboutie du T-90. Cette mise à jour devrait donner des idées aux utilisateurs internationaux du T-90, principalement l’Inde et l’Algérie.

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