Malgré tout ce qui a été dit sur l’obsolescence du char face à l’aviation, aux drones et aux ATGM modernes, ce dernier a joué un rôle pivot dans les dernières guerres. Syrie, Karabakh, Ukraine, le char est le marqueur physique d’une avancée sur un terrain. Sa présence en un lieu donné confirme qu’il est pris et la présence de restes de chars détruits marque la défaite et le retrait.
L’ANP dispose d’un très grand parc de T-90S et SK et de centaines de T-72 modernisés. Plus d’un millier de chars formant l’épine dorsale de l’armée de terre et comme on a pu le voir en Ukraine, ces tank ont montré beaucoup de défauts et quelques qualités, un retour d’expérience important que l’ANP devrait prendre en considération et mettre à niveau son parc.
Le T-90S dispose d’un canon stabilisé 2A46m-5 tirant des obus de 125mm, d’une mitrailleuse PKT coaxiale et d’une mitrailleuse NSVT à utilisation externe de 12.7mm. Il dispose d’un système de visé mixte ESSA (vision et visée thermique) conçu en collaboration entre Thales, Uralvagonzavod et Peleng, qui comprend une caméra thermique de seconde génération avec deux écrans au niveau du commandant de char et du tireur (Catherine FC).
Pour sa protection, le char est recouvert de plaques de blindage réactif Kontakt 5 de dernière génération (en cours d’upgrade vers Relikt). L’ANP utilise le camouflage multispectral SAAB Barracuda, fabriqué localement, pour réduire la signature thermique, électromagnétique et visuelle du T-90S. De plus le char dispose de la suite de protection passive TshU1-7Shtora-1, qui a certaines composantes actives comme le système de brouillage électro-optique, qui a clairement fait ses preuves contre les ATGM SACLOS comme le Javlin, pendant la guerre en Ukraine.
Pour ce qui est de la transmission, le T-90S utilise le moteur V-92S2 V-12 diesel de 1000 Ch, un moteur qui peine à donner de la vitesse au char. 40 Km/h en tous-terrain et 60 Km/h sur route, pour une marche-arrière de 4 Km/h ce qui est un véritable danger lors de combats modernes où les conducteurs doivent esquiver les tirs ennemis et réagir vite.
Pour ce qui est du T-72 modernisé, il s’agit simplement de T-72 auxquels on a placé une tourelle de T-90S et qui peuvent êtres équipés de briques protectives Kontatk-5.
Ces chars montrent des lacunes particulières: un moteur poussif, générant une forte empreinte thermique, ils sont insuffisamment protégés sur les côtés, que ce soit contre les APFSDS ou les ATGM, ils ne disposent pas de cages anti-RPG, ils ont le même souci de protection du carrousel de chargement des munitions. Ils ne disposent pas de système Hard-Kill ni de blindage additionnel. Comme la plupart des tanks russes ou soviétiques, ils manquent de systèmes de communication et de situationnal awareness (C4 ou même C2) performant. En gros, la communication se fait simplement par radio et parfois visuellement à l’aide de drapeaux. Pas de partage de données ou d’attribution externe de cibles et peu de communication avec les multiplicateurs de forces que sont les systèmes ISR extérieurs. La communication est hiérarchisée et centralisée au niveau du régiment, de la brigade et de la division.
Que faire pour mettre à niveau l’arme blindée? changer de tanks? mettre à jour le parc actuel?
Au vu de l’énormité du parc et de son caractère moderne l’option de la mis à jour est la plus économique et la plus rationnelle. Quelles options s’offrent à l’ANP pour faire cette mise à jour, sachant qu’elle est capable de l’opérer localement à la BCL et que le tissus industriel local peut y contribuer?
Moteur et Transmission
Le plus simple est d’adopter le pack de transmission ESM 350 fabriqué par RENK, il permet une conduite du char avec un volant, porte la puissance à 1150 ch, augmente la vitesse en marche avant à 79 Km/H et en marche-arrière à 23 Km/H. L’ajout d’une APU (Auxiliairy power unit), permet au tank d’utiliser son armement et ses systèmes optiques et radio sans démarrer le moteur et donc de supprimer totalement son empreinte thermique.
Blindage et Protection
En mode standard, le blindage à adopter est celui du T-90M, il offre une meilleure protection et dispose de blindage réactif Relikt et d’une cage à l’arrière pour contrer les roquettes RPG. Le système Shtora 1 devrait être couplé avec un système Hard Kill, idéalement le “Active Defence System” de Rheinmetall qui est déjà en service en Algérie à bord des Fuchs 2. Les bâches de camouflage Nakidka et Ternovnik, surtout avec utilisation de l’APU, ont donné d’excellent résultats lors de la guerre en Ukraine, leur utilisation devrait être reconsidérée au détriment du Barracuda.
En outre, le principal fabriquant de blindage russe NII-Stalii, propose des blindages additionnels amovibles sous formes de caissons, EDZ 4C24, qui augmentent la protection latérale pendant des besoins ponctuels ou dans des milieux spécifiques.
Dans un monde idéal et au vu du Retex de la guerre en Ukraine, chaque char devrait en principe avoir des capacités de défense contre les drones. Il devra embraquer un système de brouillage comme le Aselsan Ithar ou le Sapsan Bekas de Rostech.
Armement et Situationnal awareness
Le canon actuellement utilisé fait largement l’affaire, ce qui doit disparaître c’est la mitrailleuse sur la tourelle qui devrait être remplacée par un tourelleau télé-opéré du même calibre, voir aussi un lance grenade AGS 40, lui aussi téléopéré.
Pour ce qui est du système de combat, il semble que l’ANP a déjà lancé le chantier de la digitalisation du champs de bataille avec l’intégration du système de gestion Tactical Management System de Rheinmetall, qui permettra une meilleure coordination entre les unités et une centralisation de l’information. L’intégration d’un drone par char, permet l’augmentation de la connaissance de la situation et la surveillance tactique du commandant de char. Le système Orumcek d’Aselsan, permet une diffusion dans le casque du commandant du char de vidéos à 360° degrés prises par des caméras panoramiques et par un drone. La SCAFSE, entreprise algérienne fabricant les optiques, les radars et les systèmes de communications, peut adapter certains de ses équipements aux chars afin d’augmenter le champs de vision du conducteur et du chef de char, comme par exemple le Spectus ou le Setas de Hensold qui est fabriqué en Algérie et qui permettent de voir au delà du blindage.
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