Décès d’Ahmed Gaid Salah

Le Chef d’Etat Major de l’ANP et vice-ministre de la Défense Nationale est décédé ce matin 23 décembre 2019 dans son sommeil. Son décès a été constaté à six heures du matin par ses aides de camp.

Il a été remplacé par le Commandant des forces terrestres Saïd Chengriha au poste de Chef d’Etat-major.

Ahmed Gaid Salah a “accompagné” la “transition” politique en déposant l’ex Président Abdelaziz Bouteflika et en permettant l’organisation du scrutin présidentiel le 12 décembre dernier et l’élection d’Abdelmadjid Tebboun à la tête du pays. Malgré le ton très dur à l’encontre des manifestants du Hirak, il avait promis dès le début de la crise de ne pas recourir à la violence et à ce qu’aucune goutte de sang ne soit versée. Une promesse qu’il tiendra jusqu’à son trépas.

Ahmed Gaid Salah est né en 1940 à Ain Yagout, un hameau entre deux lacs salés dans l’actuelle wilaya de Batna, dans une famille de chérifs appartenant à la tribu arabe des S’Hari. Il est le petit fils de Si Othman Ahmed Gaid, un érudit musulman de la région.

Il s’engage dans les rangs de l’Armée de Libération Nationale alors qu’il sort à peine de l’adolescence, puis choisi de poursuivre sa carrière militaire après l’indépendance en 1962.

Il choisit l’artillerie et fait ses classes à l’académie russe de Vystrel. Il est affecté au début des années 70 dans la région de Tindouf en tant qu’officier. Il est aussi déployé dans la région du réservoir dans le Sinaï pendant la guerre d’attrition (entre les deux guerres israélo-arabes). Il grimpe les échelons jusqu’à devenir commandant des forces terrestres en 1994. Il sera nommé chef d’état-major le 3 août 2004 en remplacement du Général de corps Mohamed Lamari tombé en disgrâce après avoir soutenu le candidat Benflis contre la réélection d’Abdelaziz Bouteflika.

Enfin il accède au poste de Vice-Ministre de la Défense en 2013 ce qui lui donne le droit de siéger aux conseils des ministres.

A partir du 22 février 2019 il endossera un rôle plus politique et enchaînera les discours à l’adresse des troupes et par ricochet du peuple algérien.

Cette année sera capitale pour lui car il mettra la main sur les services de renseignement et opérera une véritable purge à l’intérieur de l’ANP et des services, avec des mises à la retraite et des emprisonnements de hauts gradés.

La dernière apparition d’Ahmed Gaid Salah a eu lieu lors de la cérémonie de prestation de serment d’Abdelmadjid Tebboune le 19 décembre dernier. Une cérémonie durant laquelle il sera décoré de l’Ordre du Mérite national au grade Sadr, plus haute distinction de la République.

L’intérim sera assuré par le Général major Saïd  Chengriha, Commandant des forces terrestres depuis le 16 septembre 2018, en remplacement du général major Lahcene Taffer. Il a occupé le poste de la très sensible 3e région militaire et il est connu pour ses qualités de stratège militaire, il a très longtemps travaillé à la sécurisation de la frontière Ouest et a accompagné les changements stratégiques qu’a connu l’ANP à partir de 2010 et le redéploiement vers les frontières Est et Sud.

Il est né en 1945 à El Kentara dans la région de Biskra. Saïd Chengriha a une formation d’officier de blindé et a suivi le cours d’Etat-major à l’académie russe de Vorochilov, pendant les années 70.  Il a commandé un bataillon de chars de la 3e région militaire, puis a été chef d’Etat-major de la 8e brigade blindée. Il a ensuite pris le poste de chef d’Etat-major de la 8e division blindée à Teleghma dans la 5e Région militaire pour ensuite commander la 8e DB à Sidi Belabbès, 2e Région militaire. Il est enfin devenu chef de la 3e Région militaire à Béchar. Il a à son actif une participation à la guerre du Kippour dans le front du Sinaï au sein de la 8e BB.  Homme de terrain, il n’a jamais eu à gérer les achats militaires ou les relations extérieures de l’ANP.

Comments

comments