L’avant-projet de loi des finance pour l’année 2023, distribué aux députés pour étude et approbation comporte bien une surprise cette année. En effet le budget demandé pour la Défense nationale avoisinerait les 23 milliards de dollars alors qu’il tournait autour des 10 milliards depuis une dizaine d’années.
Le décret Présidentiel qui a été publié le 14 septembre dernier et qui exclu du débat parlementaire les questions liées à la défense et la à la diplomatie ne permettra donc pas de discuter le montant et à peine à valider le projet de loi en entier ce qui est une quasi certitude au vu de la composition des deux chambres qui sont acquises au thèses du Gouvernement et de la Présidence de la République.
Sauf décision de dernière minute du Président, un budget de 3 186 000 000 000 de dinars, soit 22.7 milliards de dollars sera alloué au MDN l’année prochaine, ce qui fait une hausse de plus de 120% par rapport au budget des années précédentes.
Comment expliquer cette hausse?
Il faut d’abord noter qu’il n’est pas dans les usages du Gouvernement ou du Ministère de la Défense de détailler ses besoins budgétaires qui relèvent du secret d’Etat. Il n’y a pas de livre blanc sur la défense ou de loi de programmation militaire et l’intitulé défense nationale est traité à chaque loi des finances et non sous forme de programme pluriannuel (ce qu’il est en réalité).
Le découpage en trois chapitres de ce budget donne une bonne indication qui permet d’avoir une hypothèse de départ au vu du contexte régional et national et de l’agenda prévu pour la fin 2022 et l’année 2023.
8.8 milliards de dollars consacrés à l’administration générale, qui pourrait éventuellement inclure un règlement du cas des retraités de l’armée et des blessés de la décennie noire qui est sur la table du gouvernement depuis plusieurs années et représente une forte somme d’argent au vu du nombre de bénéficiaires potentiels.
8.5 milliards de dollars pour la “Défense nationale” ce serait à mettre dans la case de l’extension de la vie de certains équipements stratégiques qui ont bouclé dix ans (S-300, Su-30) et le financement de nouvelles acquisitions de Russie ou d’ailleurs, des acquisitions qui rentrent dans le cadre du renouvellement des équipements obsolètes et de la modernisation de l’armée. Il faut s’attendre à la signature de gros contrats. La visite prévue en Russie par le Président Tebboune pourrait en faire partie. Ces acquisitions, si elles sont programmées, couvriront une période allant de cinq à dix ans.
5.27 milliards de dollars au chapitre “Logistique et appui multiformes”, le fait que ce chapitre ne soit pas subordonné à celui de la Défense Nationale ou de l’Administration générale pourrait indiquer qu’il s’agisse d’une budgétisation à des fins de financer des forces ou des opérations en dehors des frontières. La démonstration de force faite par l’Algérie lors du sommet extraordinaire du CEMOC qui a eu lieu la semaine dernière en présence des représentants de l’UA de l’ONU et des pays membres du Conseil de sécurité, peut-être l’indice d’une nouvelle stratégie de l’Algérie dans la région.
Reste à savoir si cette augmentation sera reconduite les années prochaines ou si elle reviendra à des chiffres plus “classiques”?
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