Il y a un peu plus d’un an nous avions pressenti que Daesh, qui commençait juste à s’établir en Libye, pouvait être tenté en donnant un coup de rein, de prendre Tunis ou une partie de la Tunisie. Cette réflexion avait été faite , alors que l’organisation terroriste annonçait son projet de califat africain avec pour capitale Tunis. Quatorze mois plus tard, a-t-on assisté aujourd’hui 07 mars 2016 à ce qui pourrait être encore plus déterminé et ambitieux pour l’Etat Islamique? la phase Une de la réédition de la prise de Mossoul?.
Inutile de revenir sur les bilans donnés par une presse tunisienne alimentée par la rumeur et les réactions épidermiques, et parfois de déni, de la foule tunisienne. De savoir si 30, 40 ou 50 personnes, entre civils, terroristes et forces de l’ordre sont mortes dans des combats en pleine jour, est tout à fait inutile car dans cette phrase le chiffre ne compte pas, c’est le mot combat qui est au centre de tout. Le plus important est que pour la première fois, des éléments armés djihadistes ont sur le plan militaire pris l’initiative en assiégeant plusieurs casernes et postes de police et sont allé liquider des civils et tuer, chez lui un important responsable des services de renseignement tunisiens.
L’opération qui ressemblait à une opération kamikaze devait avoir pour but de tester le dispositif de sécurisation des frontières. Ce n’est ni la tranchée remplie d’eau salée, ni les points d’observations qui ont empêché les hommes armés de franchir la vingtaine de kilomètres avant l’aube, dans des véhicules touristiques, un fourgon et des pick-ups, bourrés d’armes et de munitions. Le concept de l’opération ressemble à ce qui se fait dans le Sinaï, isoler une ville en assiégeants les forces de l’ordre, en coupant les routes pour laisser le soin à un groupe de la ratisser et parfois la pavoiser d’emblèmes noirs de l’EI. Toujours avec une complicité dans la ville et toujours en prenant le pouls de la population.
Dans le cas de Ben Guardane, le groupe qui menait le ratissage aurait investi la maison d’un haut responsable du renseignement et de la lutte anti-terroriste pour l’exécuter, ainsi, fait inédit, que plusieurs civils. Pendant ce temps les autres groupes maintenaient sous le feu de FMPK les postes de police, ceux de la Garde Républicaine et une caserne de l’armée, qui a même été pilonnée au mortier de 60mm. Modus operandi imparable, jusqu’à l’arrivée des forces spéciales de l’USGN et des militaires pour pousser les terroristes à se retrancher et à rompre le contact pour enfin tomber sous les balles de l’armée tunisienne.
Alors pourquoi parler de Mossoul?
Que ceux qui croient en la fable des 300 cavaliers de Daesh qui prirent une ville de Mossoul gardée par trois divisions de l’armée Irakienne passent leur chemin. Le chemin vers Mossoul fut long, sa préparation difficile mais menée sans improvisation, a suivi des étapes bien définies qui ont concourus à la chute de cet objectif.
S’appuyant sur des officiers de la confrérie Naqshbandi formant un noyeau dur au tour d’Ali Izzet Alduri, l’ancien vice président Irakien, qui occupaient le terrain, Daesh avait d’abord détourné l’attention en lançant des attaques et attentats à Baghdad, pour y enfermer les autorités militaires. Puis une véritable guerre d’attrition dans la région de Mossoul où, un an un, les officiers et auxiliaires de l’Etat central étaient abattus. Créant un sentiment d’insécurité et de toute puissance d’un ennemi encore invisible. Il ne fallut donc à Daesh qu’une poussée vers la ville pour voir une armée irakienne, mal préparée et dont le commandement était absent se disloquer et abandonner armes et bagages.
Quel avenir sécuritaire pour la Tunisie?
L’envoi de “conseillers/formateurs” britanniques et allemands aura un impact marginal au niveau opérationnel. Les forces spéciales de la Garde Nationale ont une excellente formation commando mais ne peuvent êtres utilisés que comme une force de réaction et d’intervention . L’armée tunisienne est trop peu nombreuse pour soutenir un verrouillage des frontières et une surveillance de tous temps d’une bande de plusieurs centaines de kilomètres, surtout en l’absence de moyens de vision nocturne et de surveillance aérienne massive, et en l’absence surtout de puissance de feu, tant aérienne que terrestre.
Il est donc à craindre qu’en cas d’opération terrestre d’une coalition internationale, qu’un afflux de terroristes, mélés à des réfugiés ne prenne en otage la bande littorale tunisienne de BenGuardane à Tunis. Un scénario catastrophe tout à fait déplorable et néanmoins possible.
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