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Essais nucléaires en Algérie : Les crimes inutiles de la République française !

 

Il y a 57 ans jour pour jour, les autorités d’occupation françaises en Algérie déclenchent l’opération « Gerboise bleue », la première explosion nucléaire aérienne dans le Sahara. Elle sera suivie de trois autres explosions aériennes dans le site de Reggane dans le Sud-Ouest de l’Algérie, puis par 13 autres explosions dites « confinées », dans le cœur rocheux de la montagne d’In Ekker dans la région de Tamanrasset. L’explosion de Gerboise Bleue, dont la puissance à l’époque avait été estimée un premier temps à 13 Kilotonnes, puis déduite par l’ingénieur en chef Yves Rocard (le père de Michel Rocard) à environs 60 Kilotonnes (1), a projeté le jour J des radiations sur l’ensemble d’une zone elliptique de 200 km de large pour 100 de long à l’Est de Reggane, alors que les zones habitées les plus proches étaient à à peine 70 Km. Le lendemain, le nuage radioactif s’étendra au Sud Est pour englober des régions aussi éloignées que Tamanrasset et même N’Djamena ainsi que la plupart de l’Est du Niger et du Nord du Tchad. Des milliers de civils subirent à l’époque une irradiation à des degrés divers, des régions entières dans le plateau du Hoggar restent jusqu’à aujourd’hui inaccessibles comme le périmètre d’In Ekker.

Certains peuvent crier à la folie criminelle ou à l’irresponsabilité de la France dans sa gestion de la course à l’armement nucléaire, mais ce que va suivre vous montrer une facette méconnue de cette morbide saga atomique française, qui faillit (à plusieurs reprises tourner à la véritable catastrophe, allant du terrorisme nucléaire et de la prolifération anarchique à l’utilisation abusive et injustifiée de bombes atomiques aggravant le risque sur les populations.

Premier exemple (2), « Gerboise Blanche » le second essai français à Reggane qui a eu lieu le 1er avril 1960, soit dans la foulée de Gerboise Bleue, n’a été déclenché qu’à cause d’un agenda diplomatique français. La bombe, qui n’en était pas une, n’était que l’assemblage à la va-vite de restes de plutonium non-utilisés pour la première explosion. Sans aucun intérêt scientifique ou technique, elle ne servit qu’à « gérer » la visite à Paris de Nikita Krouchtchev, Premier Secrétaire du Parti Communiste Soviétique et à montrer l’intransigeance du Général De Gaule d’adhérer au moratoire sur les essais atomique aériens et prouver par la même l’existence de sa « troisième voie » qui n’était ni celle de l’URSS ni celle des Etats-Unis. Il est à relever que 150 prisonniers algériens avaient été utilisé comme cobayes humains lors de cet essai,

Le second épisode, assez-peu connu, a été qualifié par les théoriciens américains de la dissémination nucléaire, comme un cas d’école et nous renvoi à un épisode important de la Guerre d’Algérie, qui est celui du Putsch des Généraux.

Nous sommes en Avril 1961 et la préoccupation des atomistes français est la miniaturisation de leur bombe A et sa mise en paire avec le programme de chasseur bombardier Mirage IV, futur vecteur « national » français.

Le 22 avril, le général Challe, prend le pouvoir à Alger, les commis coloniaux de l’époque sont capturés puis envoyés à In Salah en avion. C’est le chaos à Alger, la rue se vide de policiers et partout des jeunes en profitent pour « visiter » endroits interdits, laissés quasi à l’abandon, c’est là qu’un groupe d’étudiants retrouvent dans un entrepôt militaire du port d’Alger.

Lees généraux putschistes étaient-ils au courant de l’imminence du test atomique ? Tout porte à croire que oui, le 3 mars un article de presse citant un officiel du Commissariat à l’Energie Atomique annonçait un essai probable pendant le mois d’avril. Le CEA aurait officiellement reçu l’ordre opérationnel le 3à mars pour un essai au plus tard le 1er mai.

Le Général De Gaulle, savait-il que la bombe était à Alger ou du moins en Algérie, le jour du Putsch ? Oui probablement. Informé des évènements à 9h le matin du 22 avril ; il donna l’ordre de procéder au plus vite au test après une réunion avec le Premier Ministre de l’époque Michel Debré (3). Une discussion avec les techniciens atomiques à Reggan avait eu lieu le jour même à 11h30 (4). Sur place et dans les 24 heures qui suivirent un ordre formel de l’Elysée, signé par De Gaulle était reçu, suivi d’un contrordre émis par le Général Challe enjoignant les scientifique de ne pas procéder au test (5) .

A Alger, les étudiants, ayant trouvé et identifiés la bombe atomique dans l’entrepot militaire du port ne parviennent pas à entrer en communication avec le siège des putschistes au Palais du gouvernement, se déplacent au siège de la radio poru alerter sur la présence de l’engin. Ils y contactent André Rosfelder, qui vient, au nom des putschiste de prendre les commandes de l’établissement de radiodiffusion, c’est d’ailleurs lui dans son livre, le onzième commandement qui raconte l’incident. Les journalistes accourent, mais la bombe n’est plus là. Des militaires loyalistes l’ont discrètement acheminé à l’aéroport Maison Blanche et mise dans un avion en direction de Reggane.

Le sort de Gerboise verte allait se retrouver entre les mains de l’indécis général  Jean Thiry, coincé entre son amitié pour Challe et la peur de l’échec du putsch.

Pour bien comprendre que Challe et ses acolytes étaient au fait et suivaient de près les préparatifs de l’essai, il faut relever l’incident suivant :  A Alger, le premier jour du Putsch, le premier responsable scientifique de l’essai, Pierre Billaud et Georges Tirole, son adjoint, sont intercepté par les parachutistes alors qu’ils faisaient route vers Reggane à bord d’un vol spécial. Ce n’est que le lendemain qu’ils sont autorisé à reprendre leur chemi et regagner leur base.

A Reggane le général Thiry qui voyait au troisième jour le putsch s’essouffler, décide de rester loyal au général De Gaulle et transmet les télégrammes de l’Elysée qui insistent sur l’urgence du tir.

Le 25 avril, alors que le putsch est en train d’échouer, des techniciens décident de procéder au tir, malgré les conditions météorologiques épouvantables.  L’un d’eux par manque de confiance envers les soldats charge l’engin nucléaire à l’arrière de sa Citroën 2CV et va directement au pas de tir.

Gerboise verte explose, pour rien, les conditions météorologique rend complètement inopérants les protocoles de mesures scientifiques, 195 soldats français, en manœuvres dans la région et prévenus trop tard ont été, en outre, gravement irradiés.

Encore une fois, les autorités françaises, faisaient exploser, gratuitement, une bombe A et irradiaient l’atmosphère de l’ensemble de la région Sahelienne et du Sud Algérien.

Quel sort aurait été reservé à cette bombe si le « quarteron » de généraux avait mis la main dessus ?  Dur de dire aujourd’hui mais nous aurions manifestement été en plein dans un cas de dissémination nucléaire involontaire qui aurait même pu conduire à une utilisation « terroriste » d’un tel engin. N’oublions pas que le putsch des généraux avait donné lieu à une véritable guerre secrète à l’époque entre le KGB et la CIA et une véritable opération d’intoxication organisée par les soviétiques, pour coller à la CIA des velléités d’aides aux putschistes.

Un article paru dans un journal espagnol « intoxiqué » par le KGB avait à l’époque, poussé John Foster Dulles, patron de la CIA à signer un démenti officiel.

Gerboise Verte fut le dernier essai nucléaire atmosphérique français en Algérie. Il s’en suivra 13 essais sous-terrains non-moins catastrophique sur la région de triangle In Ekker, In Salah, Tamanrasset et sur ses populations.

Le 1er mai 1962, alors que le cessez-le feu était déjà entré en vigueur en Algérie, la France commettait un véritable crime en effectuant le second test sous-terrain, nom de code Béryl à In Ekker. Un défaut de confinement a engendré une libération massive dans l’atmosphère de scories et de lave radioactives, contaminant des milliers de personnes à des centaines de kilomètres à la ronde, parmi lesquelles une immense majorité d’algériens et une centaine de scientifiques et « spectateurs » français.

Les essais confinés se poursuivirent à la faveur des supposées clauses secrètes des Accords d’Evian jusqu’en 1966. Des dizaines d’essais chimiques et bactériologiques se sont aussi poursuivis jusqu’en 1978 dans d’autres sites secrets du Sud Algérien dont le célèbre B2 Namous. Jusqu’à présent, rien n’explique l’attitude des autorités algériennes qui auraient, comme elles l’avaient fait avec la nationalisation des hydrocarbures ou la récupération des bases militaires, ne sont jamais revenus sur les supposés accords. Aujourd’hui, dans les hôpitaux d’Adrar et de Tamanrasset, ils sont des milliers à suivre des traitements anti-cancer, sans parler des effets non-récensés sur les malformations à la naissance parmi les populations du Grand Sud algérien.

Akram KHARIEF

  1. Histoire secrète de la Bombe Atomique Française, André Bendjebbar
  2. Les essais aériens de Hammoudia
  3. Comment De Gaulle fit échouer le Putsch ?, Maurice Vaïsse
  4. Les expérimentations nucléaires françaises, Institut d’histoire des relations internationales contemporaines Paris, France 1993 P110
  5. Les moyens de la puissance, Jean-Damien Pô 2001

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