Non, le titre n’est pas exagéré et non il n’est pas la conclusion d’une quelconque thèse complotistes, c’est en fait l’essence d’une enquête lourde de conséquences, pour l’ancien souverain marocain, publiée par le quotidien israélien Yediot Aharonot.
Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, les deux journalistes ayant réalisé cette enquête ont eu sous leurs mains une précieuse retranscription d’une réunion entre trois acteurs majeurs du monde politique et de l’espionnage israélien des années 60, l’ancien Premier Ministre Levi Eshkol et de deux patrons du Mossad, Meir Amit et Isser Harel.
Le sujet de cette réunion a tourné autour de la relation secrète entre le Maroc et le Mossad. Ce dernier profitant de la guerre d’Algérie avait installé ses quartiers à Paris était à la recherche, en ce début des années 60 du maximum d’informations sur les pays Arabes. Dans la ligne de mir des services de l’ombre israéliens le Maroc, pays jugé modéré, dont le roi multiplie les qualités d’allié de l’Occident et de pays influent sur la scène arabe. En 1961, Hassan II, à peine couronné, vois son patron des services secrets Mohammed Oufkir, se faire une proposition à ne pas refuser de la part du Mossad. Permettre aux juifs marocains de faire leur Alyah en Israël, contre 250 000 dollars par tête ainsi “exportée” vers l’Etat Hébreux.
La pression algérienne suite à la guerre des sables a aussi poussé Hassan II à se méfier de son propre entourage, il demandera au Mossad de monter une équipe de protection pour se charger de sa sécurité. Les efforts des services secrets algériens dans le recueil d’informations contre le Maroc a aussi, pendant cette période, conduit à la “visite” d’agents algériens, de plusieurs ambassades marocaines dans le monde. Là encore, c’est le Mossad qui se chargera de réequiper les infrastructures consulaires marocaines et d’en former le personnel. S’en suivra une réelle coopération militaire entre les deux pays, avec la formation des pilotes marocains, contre l’accès aux équipements soviétiques présents dans les arsenaux marocains à cette époque et même la mise à leur disposition d’officiers égyptiens capturés par le Maroc. Le pic de cette coopération sera atteint en 1965 avec l’installation d’une station permanente du Mossad.
Cette années là à Casablanca, lors du sommet de la Ligue Arabe, où l’on discutera d’un commandement unifié des forces armées arabes, Hassan II et son Makhzen, donnera accès aux espions israéliens et livrera l’ensemble des données qui s’y sont produites. Les informations ainsi livrées, donneront une idée claire sur la fragilité des armées arabes de l’époque et de leur manque de préparation pour une guerre contre Israël. Il en résultera l’attaque préemptive de Tsahal et de Heyl Ha’Avir, sur l’Egypte et la Syrie et la conclusion éclair de la guerre des six jours.
Baba Batra
Pour le Mossad, un cadeau aussi précieux a un prix. Le Maroc n’hésitera pas à demander l’élimination d’un de ses plus importants opposants, Mehdi Ben Barka. Homme de gauche, respecté et respectable dans son pays et dans le monde Arabe pour son engagement anti-colonial, il était devenu l’homme à abattre du Makhzen. Mohamed Oufkir, devenu Ministre de l’Intérieur, charge le Mossad de suivre l’opposant à la trace en Europe. Il est repéré lorsqu’il relève son courrier à Genève. Une équipe prend en charge la surveillance de Ben Barka, une autre fournit des faux documents et apporte un support logistique à l’équipe de tueurs franco-marocains qui doivent se charger de l’enlèvement et de l’élimination. Le 29 octobre 1965, C’est le Mossad qui monte une traquenard à Ben Barka, prétextant une fausse interview pour un faux documentaire, ils facilitent son enlèvement à Paris par de faux agents de police. Il ne survivra pas aux séances de torture orchestrées par le Général Ahmed Dlimi. Encore une fois c’est le Mossad qui se chargera de la “logistique” macabre, en faisant disparaître le corps de l’opposant. L’opération Baba Batra, vient de connaitre sa tragique conclusion.
Des rapports étroits entre le Maroc et Israël
Entre Rabat et Tel Aviv, et malgré la participation de militaires marocains dans la guerre du Kippour, il n’y a jamais eu de réel divorce. L’insurrection Sahraoui et la guerre froide avec l’Algérie a été l’occasion d’un partage d’expériences entre les deux armées. Tsahal apportant sa technicité au service des FAR, ces derniers laissant le champs libre aux israéliens pour utiliser le “laboratoire” sahraoui comme champs d’expérimentation. On retrouvera, quelques années après, les fondamentaux de la stratégie des murs de séparation et de l’utilisation d’armes non-conventionnelles sur les populations palestiniennes. le Maroc y trouvera son compte et ne souffrira jamais de restrictions technologiques de ses équipements américains, qui seront munis du nec plus ultra de l’électronique israélienne
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