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Comprendre la guerre des drones que mène la Turquie

La Turquie engage de nombreux drones sur plusieurs théâtres d’opérations, à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. En Syrie, Irak et Libye, les différents UAV turcs sont utilisés de manière intensive pour de la récolte d’information ou pour des frappes de précision.

En théorie, les différents producteurs de drones à ailes fixes turcs ont livré à la Türk Hava Kuvvetleri, une centaine de drones ces dernières années et ils sont tous opérationnels.

Il s’agit de 75 drones Bayraktar TB2, 10 drones TAI Ankra-S, 10 drones TAI Anka de surveillance, 7 TAI Gozcu-1 de surveillance et 10 IAI Héron israéliens pour la surveillance acquis en 2006.

Les forces aériennes turques alignent aussi une centaine de drones suicides israéliens Harpy et environs 75 petits drones tactiques de surveillance Bayraktar. Elles disposent aussi de drones I-Gnat américains de surveillance achetés en 1996.

Le marché des drones en Turquie est largement partagé entre deux entreprises: le groupe privé Kale-Baykar qui produit le Bayraktar et qui développe pour le compte de l’armée un nouveau drone Akinci qui fait partie des drones HALE à très longue endurance. Et le groupe publique TAI pour Turkish Aerospace Industries, qui fabrique l’Anka depuis une dizaine d’années, un projet hérité de la coopération avec Israël et qui s’est poursuivi après la rupture.

Les deux entreprises exportent des drones, TAI, a signé un contrat pour un nombre de drones armées Anka-S avec la Tunisie et Baykar a exporté vers le Qatar et l’Ukraine des Bayraktar TB2.

Bayraktar, une success story

Il est intéressant de se pencher sur le cas de la firme Baykar (avant qu’elle ne soit en partie rachetée par le grand groupe Kale), qui est un véritable cas d’école pour la transformation des projets amateurs de drones en industrie militaire et aéronautique, cas d’école qui pourrait inspirer les pays de la région voulant se doter d’une industrie militaire.

Il s’appelle Selçuk Bayraktar, en 2005 il a 26 ans et vient de terminer des études en génie électrique au MIT aux Etats-Unis. Passionné d’aviation il réussit à convaincre un groupe d’officiels de son pays à assister à une démonstration de son petit drone.

Les officiels ont pu voir le vol réussi de l’oeuvre de Bayraktar, un décollage,  un vol tranquille et un aterrissage hasardeux. “Si nous reçevons une promesse d’achat de l’armée et un financement, nous arriverons en cinq ans à fabriquer des drones semblables à ceux produits par les américain” a-t-il affirmé aux officiels.

Il réussi entre temps à convaincre sa famille qui possède Bayraktar Makina, une usine de fabrication de composants automobiles à adhérer au projet et à lui permettre de produire ses premiers prototypes.

La porte d’entrée du jeune ingénieur a été un appel d’offres de l’armée turque pour des petits drones tactiques. En 2006 Bayraktar réussit à en placer 19, ils seront déployés dans le Sud-Est de la Turquie qui était en proie à une résurgence des combats contre le PKK. Ce petit succès n’a pas empêché le propriétaire de continuer et il a choisi d’accompagner les soldats sur le terrain pour profiter de leur Retex et surtout pour savoir ce qu’ils voudraient réellement afin de le réaliser. En 2015, Bayraktar produit le TB2, qui a attiré l’attention de la hiérarchie militaire turque par ses performances. En démonstration, le drone a pu toucher avec précision une cible à 8 Km de distance.

2015 sera décidément une très bonne année pour Seldçuk Bayraktar qui épouse la benjamine du Président Erdogan.

Voilà pour les chiffres théoriques. Dans la réalité, la Turquie dispose de moins de drones qu’énoncé, à cause des pertes au combat, surtout en Libye, où elles sont estimées entre 13 et 24 appareils perdus depuis deux ans. En Syrie aussi, il y a eu des pertes de drones, dont au moins un Anka-S le 24 février dernier. Selon plusieurs sources, ce sont pas moins de 14 drones turcs qui ont été perdu en Syrie depuis quelques mois.

En réponse à une attaque ayant tué 34 soldats turcs le 27 février, les drones turcs se sont littéralement déchainés contre l’Armée Arabe Syrienne le lendemain, en détruisant des dizaines de blindés et tuant plus de 300 soldats syriens. Un drone a même filmé et peut-être été derrière, la destruction d’un Pantsir S-1 syrien, véritable prouesse si la vidéo s’avère authentique, d’autant que le Pantsir a été une véritable cauchemar pour les pilotes de drones turcs en Libye, après avoir détruit beaucoup de Bayraktars TB2.

Que seraient les drones sans missiles?

Une des particularités des UCAV turcs c’est qu’ils disposent d’un armement local produit par Roketsan. Il s’agit des missiles anti-char à guidage laser et des munitions guidées pour drones MAM-L et MAM-C.

 

 

 

 

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