L'Algérie mise tout sur la projection de forces

Il est loin le temps où le grand Sud Algérien était un océan paisible, où ni la Tunisie ni la Libye n’étaient prises en compte militairement, où la moitié des effectifs couvraient les frontières Ouest, où l’OTAN n’attaquait pas des pays pour changer leurs gouvernants. Si le monde a changé, certaines choses ne risquent pas de changer en Algérie. D’abord le nombre de militaires, ce nombre ne variera que très peu et encore il risque même un jour de fondre si demain un politique opte pour une suppression du service national.
En 2012 et après le basculement de l’ensemble des pays limitrophes (Maroc exclu) dans l’instabilité, voir dans la guerre, l’Etat Major Algérien réapprend, dans la douleur parfois, à occuper les deux millions et plus de kilomètres carrés qui forment son territoire.

Équation terrible, comment en faire plus avec autant d’hommes? Accroître la mobilité, augmenter la puissance de feu, anticiper les menaces, connaitre le terrain, décentraliser la chaîne de commandement.
Tout passe donc par l’envois d’hommes et d’équipements par les airs, voir par la mer ou toute autre voie alternative permettant un déploiement rapide. Voir carrément changer la balance des priorités, privilégier l’hélicoptère au char, l’avion à la pièce d’artillerie et le cargo au train.
Il semblerait que l’ANP ait choisi cette voie, pas le choix d’ailleurs, en lorgnant sur des moyens de projections aériens spécifiques. L’acquisition probable de Mi26 et l’augmentation prochaine du parc de Mi171 en est l’illustration. Le pont aérien organisé vers Oum Dorman au Soudan il y a trois ans a été annonciateur de ce changement vers une armée plus mobile. en novembre 2009, l’ANP avait en 72 heures déplacée pratiquement 40 000 spectateurs entre le Nord de l’Algérie et la capitale du Soudan, provoquant la stupeur des occidentaux et d’Israël.
Cette vision d’une armée adepte d’un certain niveau d’ubiquité transparaît aussi dans les efforts portés ces deux dernières décennies dans la formation des parachutistes et leur spécialisation. Il est désormais courant de voir des exercices de largage de véhicules légers de reconnaissance et des équipements accompagnant un groupe de forces spéciales derrière les lignes ennemis.
Il semblerait que l’ANP ait décidé de franchir le pas en visant l’apprentissage du largage de véhicules blindés, de pièces d’artillerie et d’équipements lourds. pour ce faire et selon Ria Novosti, une délégation des VDV Russes, est actuellement en Algérie afin de mettre en place des protocoles d’apprentissage calqués sur ceux pratiqués en Russie.
Cette visite précédera l’envois de promotions de parachutistes en formation à Ryazan au sein de la célébre 102 éme division aéroportée de la garde.
Selon les déclarations du représentant des parachutistes Russes, le Colonel Alexander Kucherenko, cette formation concernera aussi les Fusiliers Marins Algériens et englobera des sauts d’avions et d’hélicoptères.
L’ubiquité passe aussi par une bonne connaissance du terrain et par la reconnaissance des objectifs, pour cela l’AAF déploie en continue les Beech 1900 MMSA le long des frontières Sud et va compter sur son merveilleux petit frère le King Air Atos, reçu il y a quelques mois.
Les drones sont une histoire qui mérite un article à part, car il y aurait du nouveau de ce coté aussi.