Le parlement égyptien a accompli la formalité d’accorder les pouvoirs au président al-Sissi de faire appel à l’armée pour “des missions de combat au delà des frontières pour la défense de la sécurité nationale dans l’axe stratégique Ouest”.
En d’autres termes, l’Egypte s’autorise le droit d’envoyer des troupes en Libye pour défendre les sites stratégiques de Sirte et al-Juffrah. Pour le chercheur Jalel Harchaoui, ces deux sites sont importants pour l’Armée nationale libyenne (LNA), car s’il tombaient aux mains des forces du gouvernement de l’entente (GNA) cela signifierait un recul de plusieurs centaines de kilomètres vers l’Est, une mise en danger du croissant pétrolier et une menace sur Benghazi.
L’annonce de la possibilité de faire appel à l’armée pour une intervention en Libye ne signifie pas obligatoirement que l’Egypte envahira son voisin, ou que son armée avancera sur Tripoli, bien que dans le discours politique égyptien, la Libye devrait être un pays uni sans présence étrangère et si possible, à l’image de l’Egypte, dépourvu de Frères Musulmans.
Néanmoins sur le terrain, si l’Egypte décidait de déclarer la guerre au GNA elle aurait la capacité de gagner sans rencontrer de résistance réelle. Si le Caire ordonnait le déploiement d’une division blindée avec une couverture anti aérienne conséquente et une campagne aérienne de préparation, elle trouvera très peu de résistance. La Turquie ne déploie en effet que très peu de moyens, au plus deux régiments de chars M-60 et un d’automoteurs d’artillerie Fritina. Elle dispose de plusieurs centaines de véhicules de transport blindés et beaucoup de piétaille en la personne des mercenaires Syriens, qui seront de très peu d’efficacité face à une véritable armée.
Autre point faible de la Turquie, aucune maîtrise de l’espace aérien et une grande difficulté à acheminer de l’aide sur place à cause de l’interposition des zones d’influences aériennes et maritimes égyptiennes et grecques.
De plus, l’Egypte qui était frileuse à l’idée de se confronter à la Turquie sur le terrain, malgré l’avantage de jouer à domicile, se retrouve aujourd’hui dans l’obligation de détourner l’attention de son opinion publique à cause du début du remplissage du barrage en Ethiopie, vécu comme un échec par le Caire.
Quelle forme prendra cette confrontation? escalade pour aboutir à une négociation ou guerre ouverte? les prochains jours nous le diront.
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