Basé sur le design du T-90, il représente le summum de presque 50 ans de R&D investis dans les familles T-72 et T-90. En même temps ce nouveau modèle est en réalité un produit complètement nouveau, qui répond à l’ensemble des besoins les plus récents.
A titre de comparaison avec le précédent modèle T-90S, le T-90MS dispose d’un canon de 125 mm plus puissant et une nouvelle conduite de tir lui offrant une meilleure précision et une portée plus grande. Autre spécificité de ce modèle est le missile guidé 9M119M tiré au canon qui a la capacité d’atteindre des chars ennemis jusqu’à 5km de distance. Ce qui représente le double de la portée des projectiles anti-chars anti-blindages de la catégorie des 120-125 mm utilisés par les autres tanks modernes. Afin d’augmenter la précision, le T-90MS est en outre équipé d’un système de suivi de cibles automatisé, ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire qu’un opérateur humain guide le missile jusqu’à sa cible. Enfin, concernant l’armement, le char dispose d’une mitrailleuse télé-opérée sur la tourelle et d’une conduite de tir automatisée.
Le T-90MS dispose d’une excellente protection. Il est équipé d’un nouveau système d’armure modulaire et d’un dispositif de protection dynamique, une meilleure protection du compartiment de munition et une augmentation du blindage sur le toit de la tourelle sur la partie supérieure du véhicule et sur ses flancs. Cette augmentation du blindage ne s’est pas faite au détriment du poids de l’engin qui reste relativement léger avec ses 48 tonnes, alors que certains chars occidentaux peuvent peser jusqu’à 70 tonnes.
Le T-90MS a un nouveau moteur diesel de 1 130ch de puissance, un châssis remis à jour avec une transmission à la performance améliorée.
Ce char a en outre hérité des excellentes caractéristiques opérationnelles de la famille des T-72 et T-90 et reste très facile à opérer, à réparer et à maintenir.
Il reste que sa plus grande force face à la concurrence est un pipeline de production des plus efficaces, ce qui se traduit par la possibilité offerte à la Russie de fournir des clients étrangers de façon très rapide et en quantités quasi-illimitées. Le constructeur du T-90MS, Uralvagonzavod (UVZ) à Nizhny Tagil, a, à mainte reprises détenu le titre de plus grand fabricant et fournisseur international de chars au monde ces 15 dernières années. En plus des équipements fournis aux forces armées Russes, UVZ a livré approximativement 1 500 T90S ou kits d’assemblages à des clients internationaux ces dernières années, avec en plus un millier de chars actuellement en commande. C’est dans sans crainte qu’il est possible de dire que la production de série des T-90MS se fera sans ennuis majeurs et que les clients recevront leurs commandes de manière rapide et assurée.
Le prix de référence du T-90MS correspond à ses performances. L’adjonction de nombreuses améliorations radicales et de nouvelles technologies a inévitablement eu un impact sur le prix comparativement aux modèles précédents. Une électronique moderne, des systèmes informatiques et un blindage de haute performance fait de nouveaux matériaux ne sont pas de valeur modique. Mais le plus important est de garder à l’esprit que le T-90MS représente un saut technologique plus grand face au T-90S que le gap creusé par la sortie du T-90S face au T-72B.7
La situation des programmes de chars Russes diffère drastiquement avec celle adoptée par l’Ouest. Il n’y a aujourd’hui qu’un seul modèle de chars de bataille en production dans les pays occidentaux, c’est le Leopard 2. Ce dernier est produit en petits lots par KMW en Allemagne pour des clients étrangers et en Espagne pour les besoins de son armée. La production cessera en Allemagne et en Espagne à la fin de l’année 2017, une fois les livraisons du contrat de 62 Leopards 2A7+ pour le Qatar. Il est aussi utile de noter que KMW dépend d’un fournisseur grec pour les tourelles et la carcasse des chars, dans le cas du contrat Qatari.
Aux Etats-Unis, la production du char M1A2 fini à la Lima Army Tank Plant en Ohio s’est achevée en 2002 ; depuis l’usine se contente de fabriquer des kits d’assemblage destinés à la production de M1A1 en Egypte. L’ensemble des chars exportés par les USA depuis l’an 2000 sont des unités réparées et remise en condition issues des surplus de l’U.S.Army.
Dans les autres pays occidentaux avancés, la production de chars de bataille s’est aussi achevée il y a quelques années : En 2007 en France pour le Leclerc, en 2002 en Grande Bretagne pour le Challenger 2 et en Italie pour le C1 Ariete.
Cela a eu pour résultat que les clients à l’international sont incapable aujourd’hui d’acheter des chars neufs occidentaux, les seuls encore disponibles à l’exportation sont des chars usés remis en condition. Entre-temps, une remise en marche des lignes de production de chars devra requérir un énorme investissement et se traduira forcement sur le prix final qui sera astronomique, ce qui fait de cette hypothétique reprise de production une éventualité très faible.
Pour ce qui est des chars occidentaux encore en production, les coûts de fabrication restent très élevés. Le seul contrat actuellement en cours est celui signé par le Qatar avec l’allemand KMW pour de nombreux véhicules blindés dont 62 nouveaux chars Leopard 2A7+ et huit véhicules blindés de sauvetage et réparation pour une livraison entre 2015 et 2017. Il a été reporté que la seule partie chars s’élèverait à 1.3 milliard d’euros, ce qui met le prix du char à 20 millions d’euros pièce.
Pour les autres acheteurs éventuels de chars occidentaux, la seule option envisageable est d’acquérir des chars décomissionnés de l’U.S.Army qui serait remis en condition. Même dans ce cas, cela reste des unités âgées retrofitées avec des composants modernes et de nouvelles protections, ce qui en fait néanmoins des chars très chers.
Par exemple, en août 2016, le Département à la Défense américain a annoncé la vente de 153 chars M1A1/A2 mis-à-jour à l’Arabie Saoudite pris sur le surplus de l’U.S.Army dans le cadre d’un programme FMS (Foreign Military Sales). Sur ces 153 chars, 133 seront upgradé au standard M1A2S, Saudi Abrams Specifications, actuellement en service dans l’armée de terre saoudienne. 20 autres remplaceront les unités détruites durant les combats au Yémen. Les Etats-Unis livreront aussi 20 véhicules de réparation et de sauvetage M88A1/A2 des surplus de l’U.S.Army et seront retrofités au format Hercules. La valeur estimée du contrat est de 1.15 milliards de dollars, ce qui place le prix par char à 7 millions de dollars.
Un autre exemple est la livraison de 222 M1A1 Abrams (M1A1 Special Armor) au Maroc dans le cadre d’un programme FMS qui a débuté en 2016. Ce sont en réalité des unités vieilles et mises hors services, qui ont été réparées et remises en condition (avec l’ajout d’équipements modernes) par l’usine Lima avant livraison. La valeur totale de ce contrat est de 1.015 milliards de dollars, ce qui fait 4.8 millions de dollars par char.
En décembre 2014, le Pentagon a annoncé la vente prochaine de 175 chars Abrams M1A1 provenant des stocks de l’U .S.Army à l’Irak, dans le cadre, là aussi, d’un programme FMS. Cela viendra en addition aux 152 chars équivalents fourni par le passé. Ce contrat inclue aussi 15 véhicules de sauvetage et de réparation M88A2 Hercules, 700 pickups et un grand stock d’obus pour le canon principal de l’Abrams. La valeur de ce contrat est de 2.4 milliards de dollars. En excluant la partie non/char du contrat cela se traduit en une facture de 12 millions de dollars par char.
Sachant aussi que l’upgrade d’un char M1MA1 au format M1A2 SEP v.2, à l’usine Lima sous contrat pour l’U.S.Army coûtait en 2012 5.7 millions de dollars.
Récemment, en 2012, il y a eu un contrat pour l’upgrade de chars Leopard 2 indonésiens, inclus dans un accord plus large sur la livraison d’armement Allemand. Dedans l’Allemagne devait fournir 61 Leopard 2 RI upgradés, 42 anciens Leopards 2A4, 50 blindés IFV Marder 1A3, 11 ponts mobiles et des véhicules de récupération et de dépannage. Les Leopards 2 RI sont en réalité d’anciens chars Leopard 2A4 prélevés du surplus de la Bundeswehr et mis à jour chez Rheinmetall en Allemagne, les Leopards 2A4, les Marder 1A3 et les 11 véhicules spéciaux ont quant à eux été fourni à partir du surplus de l’armée allemande à un prix très bas. Le coût de ce contrat est estimé à 280 millions de dollars, sur les quels 200 millions de dollars ont été alloués au paiement des Leopard 2 RI (qui ne sont en réalité qu’un upgrade très léger de la version 2A4) ; il est donc possible d’estimer le prix de chars remis à neuf à 3.5 millions de dollars pièce.
Le nouveau T-90MS russe reste donc très compétitif au niveau du prix comparativement aux derniers chars occidentaux disponibles sur le marché. De plus la concurrence occidentale ne consiste qu’en de petits lots à produire (une trentaine par an pour le Leopard 2A7) et dont la production arrive à échéance. De l’autre coté la Russie offre un modèle complètement nouveau qui est prêt à une production en série avec la possibilité de livrer des commandes de plusieurs centaines de chars par an.
Avec ses excellentes spécifications techniques, sa performance au combat et son remarquable ratio prix/performance, le T-90MS a le potentiel pour dominer le marché international des chars de combat pour la prochaine décennie et même plus. Ce potentiel est basé sur le progrès rapide des programmes de chars de combats russes ainsi que les commandes de l’armée rouge, et sur le continuel déclin de ce genre de programmes en Europe Occidentale.
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