Aujourd’hui 2 janvier 2020, le parlement turc dans une session extraordinaire a autorisé l’envoi de troupe en Libye pour répondre à la demande du gouvernement libyen, lié à la Turquie par un accord de défense et de partage de zones d’influences maritimes.
Pour bien comprendre les conséquences de ce qui se passe en Libye, il faut d’abord comprendre qu’il n’y a pas de guerre civile généralisée, ou un pays divisé en deux parties égales avec une ligne de démarcation où deux armées régulières se livrent bataille. Globalement l’ensemble de la Libye est contrôlé par la LNA du “maréchal” Khalifa Haftar. Ce ne fut pas le cas il y a une année, où ses forces ne tenaient que le littoral Est du pays et les zones pétrolières à l’Est. Le “GNA” Gouvernement de Tripoli, reconnu par la communauté internationale, lui ne contrôlait que le littoral Ouest et les installations pétrolières dans le Sud-Ouest. La majorité du pays était, et demeure, une sorte de no-man’s land sans autorité, infesté par des groupes armés d’origines et ethnies diverses souvent une émanation des pays riverains de la Libye.
En une année, les forces de Haftar ont conquis le Fezzan (le désert) et ont chassé les Toubous et les Soudanais qui s’y trouvaient, ont évité la confrontation avec les Touaregs et même de s’approcher de la frontière algérienne. Puis, le 3 avril 2019, se sont lancé dans un assaut inattendu vers la capitale Tripoli.
Aujourd’hui, la majorité du territoire est sous contrôle de la LNA. Le GNA occupe Tripoli, Misrata et Al Zawiyah. Sous son contrôle il ne reste plus qu’un aéroport, celui de Misrata et deux ports, garde tout de même le contrôle du poste frontalier de Ras Djedir avec la Tunisie. Cela représente environs 10% du territoire.
La guerre en elle-même ne concerne que Tripoli, la LNA ne menace même pas Misrata et les misratis ne semblent pas vouloir provoquer les forces de Haftar. La ligne de front est une bande de 25 Km sur 5 Km aux abords de la banlieue Sud de Tripoli. En dehors de ce minuscule chaudron, il n’y a pratiquement pas de combats en Libye.
Les combats et les hommes en armes sont à des centaines de kilomètres de la Tunisie et à mille kilomètres de la frontière algérienne.
L’arrivée des miliciens syriens pro turcs est une menace pour la région dans le sens où il n’y a aucune garantie qu’ils n’aient pas appartenu à des organisations terroristes, mais en réalité la Turquie n’est pas le premier pays à utiliser des mercenaires en Libye. Les deux camps ont utilisé des mercenaires venant de pays aussi divers que les Etats-Unis, la Colombie, le Soudan ou le Tchad.
Le débarquement de l’armée turque pose problème pour la Turquie d’abord, vu que la Tunisie lui refuse son sol et qu’elle doit traverser les espaces aériens antagonistes de l’Egypte ou de la Grèce pour faire des opérations aériennes en Libye. Elle aura des difficulté pour assurer une couverture par les airs à ses troupes au sol et donc à protéger les équipements et infrastructures qu’elle déploiera.
Néanmoins, vu la petite dimension de la ligne de front et le peu d’engouement pour le combat que montrent les miliciens de la LNA, un simple envoi de forces spéciales pourrait inverser le cours des événements et stabiliser le front pour permettre une négociation sur de meilleurs bases pour le gouvernement Al Sarraj.
Le véritable risque serait une surenchère avec une intervention égyptienne et un agrandissement de la zone de combats. D’ailleurs, en ce moment même le conseil de sécurité égyptien se réunit pour faire face à la situation en Libye.
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