Que s’est-il passé à bord du vol 1020 de la compagnie nationale algérienne Air Algérie? la réponse est facile: absolument rien de grave. Un filtre saturé par du carburant contaminé, une panne dans un système hydraulique triplement redondant. La veille un autre Boeing 737 semblable à celui qui a connu cet incident avait regagné Alger sans esclandres. La décision de l’équipage du vol 1020 de rentrer à son aéroport d’origine est logique dans la mesure où, la panne, pouvait être réparée rapidement et à peu de frais dans la base de maintenance d’Air Algérie et éviter une longue et coûteuse immobilisation l’étranger.
Alors, comment expliquer le vent de panique qui a parcouru, hier, les deux rives de la méditerranée et qui a plongé beaucoup d’algériens dans la frayeur d’un nouveau crash?
Décortiquons les événements: Le Boeing 737-600 décolle de l’aéroport d’Alger à 14h heures locale aune demi-heure de retard. Après 30 minutes de vol, au dessus de Mahon dans les Baléares, l’équipage reçoit différentes alertes d’incidents mécaniques, après un dialogue avec la tour de contrôle d’Alger, ils prennent la décision de rebrousser chemin. L’appareil bifurque et l’équipage lance une alerte sur les différentes fréquences. Jusque là rien de bizarre, si l’événement détonne un peu (un vol n’arrivant pas à destination n’est pas commun) il n’est pas de nature à ameuter la presse. Jusqu’au moment où certains suiveur acharnés de sites de suivi des vols commerciaux en temps réel comme RadarBox24 ou FlightRadar24. Ces derniers utilisent les transmissions des transpondeurs ADS-B des aéronefs, pour afficher sur des cartes et en temps réel des données comme le parcours, la vitesse ou l’altitude de l’ensemble des avions qui sont en vol. Des messages d’urgence sont aussi diffusés par l’ADS-B. Le système fonctionne grâce à une multitude de stations réceptrices gérées par des amateurs qui captent les signaux émis par les avions puis qui les partagent sur le web.
Ce qui s’est passé hier vers 14h40, est que l’appareil dont le message SOS a été capté, a disparu, non pas des écrans radars, mais de ceux de Flightradar24, ce qui a alerté beaucoup d’amateurs qui n’ont pas manqué de signaler une disparition après SOS, souvent synonyme de crash, ce qui a poussé certains titres de presse électronique à faire des raccourcis. Au moment où l’avion atterrissait sans dommages à Alger, les réseaux sociaux se sont affolés, la plupart des sites d’informations se sont empressé de titrer sur l’éventuel crash ou du moins la disparition des radars de l’appareil d’Air Algérie.
Ce qui s’est passé est que cet incident a révélé le statut de “Trou noir technologique” de l’Algérie surtout après qu’une très discrète répression se soit abattu sur les Algériens qui utilisaient des récepteurs ADS-B et qui a eu lieu il y a quelques mois. Les services de sécurité s’étaient intéressé à ces amateurs de navigation aérienne, suite à la reprise par les médias des différents mouvements des avions médicalisés du Président Bouteflika, vers la Suisse et la France.
Les autorités ont eu la main lourde, en ordonnant la saisie des équipements chez les particuliers ou au niveau des postes frontière. Cette mesure, lourde de conséquences, révèle la brutalité des autorités algériennes et à quel point ils sont éloignés de la réalité et a directement engendré le cafouillage d’hier.
Cela prouve clairement aussi, qu’une décision arbitraire et brutale telle que celle-ci peut avoir des conséquences sur la sécurité des Algériens, demain un appareil s’abîmant en Algérie ne bénéficierais pas de l’ensemble du spectre des moyens de recherche et sauvetage qu’offre les programmes communautaires du type FR24 ou RB24, même si l’ENNA dispose de plusieurs récepteurs ADS-B au Nord.
D’autres décisions similaires empêchent des passionnés de vivre leurs hobbies, les drones ou les appareils d’aéromodélismes sont strictement interdits, idem pour l’airsoft, le paintball est très strictement encadré, que dire du risque de saisie et d’amende à l’aéroport en cas d’introduction de jumelles ou un tuner radio aérien.
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